Fermetures de classes, sureffectifs, pénurie d’enseignants… La rentrée scolaire sera compliquée

Ce jeudi 1er septembre, lors de l’appel nominal pour la première fois cette année, les enseignants du primaire auront 67 000 noms de moins à prononcer que l’an dernier. En pleine crise de recrutement, le monde de l’éducation aurait pu se réjouir. Mais s’ils espéraient des classes plus serrées et un emploi du temps moins chargé, les professeurs seront déçus…

« Avec le manque de personnel, on s’attend à des fermetures de classes, encore plus cette année que d’habitude. Avec un impact sur les effectifs », regrette Guislaine David, co-secrétaire générale du SNUipp-FSU (syndicat des enseignants du primaire).

En maternelle les classes seront chargées

Or, à partir de 2020, le gouvernement s’est fixé pour but de plafonner à 24 le nombre d’élèves des classes à grande section, CP et CE1. Durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, la priorité a été donnée à l’école primaire et à la maîtrise des savoirs fondamentaux. (lecture, écriture, mathématiques). Cette mesure devait alors entrer en vigueur avant la fin du mandat : ​​ce ne sera pas le cas, au grand dam des enseignants. « On se retrouve avec des classes de maternelle vers 29-30 et d’autres, en CE2, CM1 et CM2 voire des classes à double niveau, qui sont à 28-29 », note le syndicaliste.

Même problème dans les établissements du réseau d’éducation prioritaire (REP), pour lesquels le gouvernement a engagé, en 2017, une politique de fractionnement des classes, avec une limitation du nombre d’élèves à 12, d’abord en CP et en CE1, puis dans les grands section maternelle à partir de 2020. Deux ans plus tard, cette règle peine invariablement à être pleinement respectée. « Aujourd’hui, 75 % des classes [en grande section de maternelle] sont », a souligné le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, dans sa conférence de rentrée le 26 août. Et d’ajouter qu’ils seront tous « à la rentrée de septembre 2024 ».

Pourtant, la France reste un élève moyen par document aux autres pays de l’OCDE. Avec une moyenne de 22,3 boutchous par classe primaire, contre 21,1 pour la moyenne de l’OCDE et 19,7 pour les pays de l’Union européenne, selon un document de l’Organisation de 2021.

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Même constat au collège et lycée

Et les collèges et lycées ? « Qu’il y ait des annonces pour réduire les effectifs dans le premier degré, c’est très bien, mais il ne faut pas oublier le second degré », insiste Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU (Syndicat national de l’enseignement du second degré). « Pap Ndiaye ne pourra pas se contenter d’être le ministre des beaux discours, nous attendons des actes », poursuit le professeur de sciences économiques et sociales (SES) dans l’Essonne. Si les collégiens sont plus « mûrs », voire plus « autonomes », les enseignants déplorent des effectifs « trop lourds » : « Au lycée on a aujourd’hui des classes de 36-37 élèves ; au collège, ils ont 28-30. C’est devenu la norme », déplore le syndicaliste.

« Nous avons invariablement dénoncé le fait que le ministère n’ait jamais considéré la question de la scolarisation dans l’enseignement secondaire comme une question prioritaire alors que tout le monde sait que nous ne fonctionnons pas de la même manière avec une classe de 35 élèves, et une de 24. »

Sarah, professeur de mathématiques depuis peu arrivée dans les Hauts-de-Seine (92), où elle va encadrer 23 élèves dans un collège REP+, se parle soulagée par ce nombre. Dans son ancien collège, en banlieue toulousaine, elle avait 28 boutchous à charge. « Ça change tout : quand ils sont nombreux, je passe plus de temps à discipliner qu’à enseigner, confie la jeune nana. Je n’ai pas le temps d’aider les élèves en difficulté et je dois passer à autre chose, tout en sachant que certains n’ont pas compris. Elle est totalement favorable au plafonnement du nombre d’élèves, comme dans le primaire, « mais ça veut dire plus de classes, donc plus de locaux, d’argent et d’enseignants… donc ça n’arrivera pas », raille-t-elle.

Pénurie d’enseignants

Il faut dire que la profession sait une crise d’attractivité sans précédent, avec 4 000 postes vacants cette année aux concours d’enseignants dans le pays, sur 27 300 postes ouverts dans les secteurs public et privé. « Il manque 1 % d’enseignants dans le primaire, 8 % dans le secondaire. […] Ce n’est pas une situation optimale, je vous l’accorde », a déjà reconnu le ministre de l’Education nationale. D\’après le SNES-FSU, 7 900 postes ont été supprimés depuis le début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. , enseignants et parents d’élèves s’accordent sur un point : le seul remède à la chute des effectifs par classe est le recrutement d’enseignants. Cependant, « il y a un problème de salaire, de reconnaissance et de progression dans leur travail », reconnaît Patrick Salaün, responsable de l’Unaape (Union nationale des associations autonomes de parents d’élèves).

De ce fait, l’Éducation nationale mise sur les contractuels, le recrutement et la formation express. Ceux-ci représentent environ 8% des enseignants du secondaire, d\’après le ministère. Ce dernier l’assure : « 80 à 90 % des enseignants contractuels ont déjà une expérience dans l’enseignement. Pap Ndiaye a aussi annoncé qu’un concours pour la titularisation de certains enseignants contractuels sera exceptionnellement organisé au printemps 2023.

Après la crise sanitaire et le retard pris par certains élèves, la mesure laisse pour l\’instant les parents d’élèves dubitatifs.

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