Covid-19 : face à l’épidémie, un désarmement inquiétant

Premier texte, premier échec pour le nouveau gouvernement Borne.

L’amputation de la facture sanitaire d’une de ses mesures phares, la possibilité de rétablir un laissez-passer sanitaire aux frontières ainsi qu’au départ ou à destination de la Corse et des Dom-Tom, a été largement commentée. L’alliance « baroque », selon les mots d’Emmanuel Macron lors de son entretien du 14 juillet, entre Nupes, RN et LR a fait couler beaucoup d’encre, tant elle laisse présager des difficultés à venir pour l’exécutif. . De son côté, François Braun, le nouveau ministre de la Santé, a déjà indiqué qu’il comptait sur le Sénat pour rétablir la mesure.

Il est toutefois regrettable que ce ne soit pas plutôt la faiblesse des mesures de lutte contre le virus contenues dans ce projet de loi qui ait été dénoncée. Car à quoi servira cette mesure de contrôle aux frontières ? « Pour gagner un peu de temps en cas d’apparition d’une nouvelle variante inquiétante », a plaidé le Dr Braun lors de son audition devant les sénateurs. L’expérience nous a malheureusement montré que le virus n’a aucune utilité pour ce genre de barrière. Avec sa facilité à se répandre sur la planète, il va plus vite que nos systèmes de détection. Son temps n’est pas celui des administrations, qu’il prend toujours au dépourvu. Dernier exemple en date, la variante BA.2.75. À peine détectée en Inde, elle est déjà identifiée en Australie, au Japon, au Canada, aux États-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas…


3 décembre 2024 12h20

Alors que nous continuons à être ballottés de vague en vague, et que le nombre de décès dus au Covid ne diminue pas, ou peu, malgré le déploiement massif de vaccins, il en faut plus pour nous protéger efficacement de ce coronavirus. N’en déplaise au ministre de la Santé, il suffit de marcher à l’heure de pointe dans le métro parisien en pleine septième vague de Covid pour se rendre compte que l’appel à la responsabilité individuelle n’est guère entendu. Pourtant, il aurait été possible pour les autorités sanitaires de développer un discours positif sur le masque, plutôt que d’en faire une contrainte, avec pour seule priorité de s’en débarrasser au plus vite.

Plutôt que de supprimer purement et simplement l’obligation de le porter dans les transports ou les bureaux, pourquoi ne pas avoir déterminé un seuil d’incidence au-delà duquel il faudrait le remettre ?

La responsabilité individuelle a bon dos, quand rien n’est fait pour lutter efficacement contre le Covid. Les épidémiologistes le répètent depuis des mois, en vain : il est indispensable d’améliorer la qualité de l’air dans les lieux clos, écoles, bureaux, restaurants, bars, cinémas, transports en commun. Où sont les normes et les gros plans d’investissement qui nous protégeraient non seulement du Covid, mais aussi des autres virus aéroportés ? Les experts appellent également à un meilleur suivi de l’épidémie. Certes, les tests PCR et antigéniques sont encore largement gratuits pour le moment. Mais la diffusion des autotests a fait éclater ce thermomètre. Quand la France décidera-t-elle de déployer de nouveaux outils – tests sur des échantillons représentatifs de la population, suivi à plus grande échelle des eaux usées… ?

On pense être bien protégé par les vaccins, du moins des formes sévères. Mais le virus évolue sans cesse, pour mieux contourner notre immunité. Si, dans les mois à venir, une variante plus virulente émerge, nous nous retrouverons une fois de plus pris au dépourvu. Le prix de l’impréparation sera alors lourd à payer, d’autant que nos hôpitaux auront, cette fois, bien du mal à accueillir une forte vague de patients.

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