Voiture électrique : les marques chinoises grignotent des parts de marché en Europe
Les constructeurs chinois ont vendu autant de voitures en Europe entre janvier et juin que l’an dernier, dont la grande majorité sont électriques. Des prix attractifs leur permettent notamment de conquérir des clients.
Renault, Peugeot mais aussi BYD. Le constructeur chinois, qui compte Warren Buffett parmi ses actionnaires, sera présent au Mondial de l’Auto en octobre, une première pour le salon parisien mais qui souligne une tendance de fond.
Grâce à la hausse des ventes de voitures électriques en Europe, les marques chinoises grignotent peu à peu des parts de marché sur le continent.
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Autant de voitures en six mois que toute l’année dernière
Selon les chiffres d’Inovev, au premier semestre, 75.000 véhicules de marques chinoises ont été immatriculés en Europe, la grande majorité 100% électriques, presque autant que toutes les ventes de ces mêmes marques l’an dernier (80.000 exemplaires). Si le groupe Volkswagen (124 000 véhicules) ou Stellantis (114 000) dominent le marché des voitures à batterie, toujours selon Inovev, Geely et MG font plus que faire de la figuration. Le premier, notamment propriétaire de Volvo et Lynk & Co, a ainsi immatriculé 26 000 véhicules. La marque britannique historique MG, désormais propriété du groupe SAIC, a lancé plusieurs modèles ces derniers mois, dont la Marvel R SUV, et a vendu 18 000 voitures neuves sur le marché européen. Et ce, alors qu’elles sont encore confidentielles pour le grand public.
« Les clients qui achètent ce type de voiture sont principalement attirés par les prix inférieurs aux véhicules électriques européens du même segment, voire inférieurs aux véhicules électriques coréens, précise Inovev dans sa publication. Ce client est rebuté par les prix trop élevés. Les constructeurs européens (et désormais coréens) privilégient la marge au volume, ce qui laisse tout un pan du marché (celui des voitures les moins chères) à la merci des constructeurs chinois ».
Des modèles beaucoup moins chers
En consultant les sites des constructeurs, la différence de prix varie de un à deux bonus (6000 euros) pour un modèle équivalent. Hors bonus, le ZS, le SUV compact de MG, démarre à 30 990 euros quand le Peugeot e-2008 voit son premier prix à 37 200 euros. Et la Volkswagen ID.4, certes beaucoup plus grosse, démarre à 43 000 euros. Soit l’équivalent de deux bonus à ajouter. Hormis la Dacia Spring (produite en Chine par Renault), il existe peu de modèles abordables chez les généralistes occidentaux pour adresser le deuxième marché des voitures domestiques.
Les industriels chinois ont donc une place à prendre en Europe. C’est ce qu’anticipe Roland Berger dans une étude publiée fin juillet.
« Les constructeurs chinois devraient atteindre le million de véhicules électriques vendus en Europe en 2025, détaille Olivier Hanoulle, associé spécialisé dans l’automobile au sein de cette firme. Sur la base d’un marché mondial de 20 millions de voitures immatriculées sur le continent, dont 15% de voitures électriques, les constructeurs chinois prendraient un tiers des parts de ce dernier marché ».
Les quatre principaux constructeurs chinois, SAIC, Great Wall, Chang’An et Geely, pourraient ainsi conquérir des parts de marché significatives sur le vieux continent, alors qu’il se tourne vers le zéro émission. Selon les estimations de la firme, le groupe Geely pourrait ainsi réaliser 42% de ses ventes hors de Chine en Europe en 2025, avec 252.000 voitures immatriculées.
Trouver de nouveaux points de vente
Ces prévisions tiennent paradoxalement compte de l’état de leur marché domestique de plus en plus mature. « Le marché automobile chinois est arrivé à la fin de sa croissance à grande vitesse. Pour continuer à se développer, les industriels chinois n’ont d’autre choix que d’aller à l’extérieur et de trouver des relais de croissance hors de Chine. L’Europe et l’Asean, l’Asie du Sud-Est, sont leurs principaux débouchés », poursuit Olivier Hanoulle.
Le tout avec des performances en termes d’autonomie ou de temps de recharge qui se rapprochent des modèles français, allemands ou encore coréens. « Les marques chinoises ont acquis très tôt des compétences dans le véhicule électrique, elles n’ont pas le retard technologique qu’elles avaient avec le moteur thermique, note Olivier Hanoulle. Ils n’ont pas non plus de problème d’approvisionnement car ils produisent eux-mêmes leurs composants ». Comme le rappelle McKinsey, les constructeurs chinois ont pour partenaires d’autres champions nationaux, dans le domaine de la batterie, de quoi gagner en compétitivité.
Les changements sur le marché européen aident également les nouvelles marques. Lynk&Co, par exemple, a vendu près de 1 000 voitures à des loueurs de courte durée au premier semestre en France. De quoi commencer à se faire connaître du grand public sans forcément passer par un réseau de concessionnaires.
Si MG multiplie les points de vente de son côté -142 points de distribution actifs selon motorsactu début juillet -, d’autres marques peuvent miser sur un mouvement grandissant chez les consommateurs : acheter en ligne sans même voir ni essayer le véhicule.
Le courtier Aramis avait ainsi vendu des voitures du constructeur chinois Aiways directement en ligne il y a quelques mois. « Une marque peut se créer en Europe si la compétitivité est là », résume Olivier Hanoulle. Ce que BYD entend concrétiser en posant ses valises au Mondial de l’Automobile en octobre.
13 novembre 2024 6h33